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Culture et art

Le « Banksy yéménite » à Paris : « L’art est une arme de résistance cruciale »

Le street artist yéménite Murad Subay a dévoilé à Paris une fresque dénonçant le conflit au Yémen et les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite. Une œuvre coup de poing, dans la continuité des séries engagées dont il recouvre les murs de son pays depuis 2011.

Les corps décharnés, membres désarticulés, dansent comme des pantins sur un mur du Marais, en plein cœur du Paris historique. Encre noire sur fond rouge sang. Impossible, même pour le Parisien pressé, de ne pas ralentir le pas face au ballet macabre de plusieurs mètres de haut. Et de lire l’inscription : « Sur le corps des Yéménites passent la guerre, l’hypocrisie internationale, les armes ».

Le street artist Murad Subay a dévoilé le 19 novembre sa fresque, tirée de sa série « The last dance of the dead » (« La dernière danse des morts ») pour interpeller l’opinion sur la guerre au Yémen, la crise humanitaire qui en découle et les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite, engagée dans le conflit.

« Ça s’inspire d’histoires réelles de personnes qui sont mortes dans le conflit », explique Murad. « C’est très important d’être ici pour montrer que la France peut jouer un rôle meilleur au Yémen plutôt que seulement vendre des armes », déclare l’artiste, associé sur ce projet à sept ONG de défense des droits de l’Homme.

Depuis mars 2015, une coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis appuie le gouvernement yéménite dans sa lutte contre des rebelles houthis. Ce conflit – qui a fait plus de 233 000 morts selon une estimation du PNUD – est à l’origine de l’une des plus importantes crises humanitaires au monde.

« La guerre ? Je ne peux pas m’inspirer d’autre chose »

En résidence artistique en France depuis le mois de mars, l’artiste de 32 ans bénéficie de la protection de l’Artist protection fund, un programme international qui offre une bourse et un toit en lieu sûr à des artistes en danger.

Murad peut à nouveau donner libre cours à ses obsessions artistiques : la guerre, les crimes contre l’humanité ou les ventes d’armes. « L’art se fait avec les autres et s’inspire de l’environnement dans lequel on vit. J’ai vécu des années dans un pays en guerre. Mes proches sont toujours là-bas. Alors je ne peux pas m’inspirer d’autre chose. Pas encore », explique-t-il à France 24.

Tag extrait de la série "Bon appétit" de l'artiste yéménite Murad Subay peint en juillet 2019 sur les murs de Southbank, à Londres.
Tag extrait de la série « Bon appétit » de l’artiste yéménite Murad Subay peint en juillet 2019 sur les murs de Southbank, à Londres. Murad Subay

Sa dernière série, intitulée « Bon appétit », dénonce ironiquement « ceux qui se gavent sur le dos de ceux qui meurent ».  En juillet 2019, il tague sur les murs de Londres une grenade dégoupillée accompagnée de la légende : « Un monde de guerre et de sang est un monde bon pour le business. Signé : les corporations d’armes ».

L’art dans les ruines 

Cette dernière campagne poursuit un travail commencé au Yémen il y a une dizaine d’années. Né en 1987 à Dhamar, dans le sud-ouest du Yémen, Murad n’a connu depuis sa jeunesse quasiment que le conflit et la guerre. En 1994, peu de temps avant le début de la guerre civile entre sécessionistes du Sud et le gouvernement d’Ali Abdallah Saleh, président de l’époque, il déménage dans la capitale Sanaa avec ses parents et ses six frères et sœurs.

Ses premières expériences politiques commencent pendant les manifestations d’enseignants et étudiants de 2008 alors qu’il est à la fac de littérature anglaise. Lorsque les printemps arabes atteignent Sanaa en janvier 2011, Murad descend dans la rue et commence à imprimer sa marque sur les murs de la capitale. Il lance sa première campagne « Color the Wall of your streets » (« Colore les murs de tes rues »), où il invite, via les réseaux sociaux, les manifestants à venir prendre les pinceaux avec lui.

En 2011, l'artiste Murad Subay lance à Sanaa la campagne "Color the walls of your streets".
En 2011, l’artiste Murad Subay lance à Sanaa la campagne « Color the walls of your streets ». Murad Subay

La rue devient alors sa toile favorite. En 2012, Murad lance sa deuxième campagne, « The walls remember their faces » (« Les murs se souviennent de leurs visages »). Il peint en noir et blanc les portraits de plus d’une centaine de disparus sur les murs de Sanaa, Aden, Taizz et Hodeïda.

Dès lors, les campagnes s’enchaînent. En mai 2015, après une série de frappes aériennes de la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite dans la région de Bani Hawwat qui font 27 morts, dont 15 enfants, il lance sa série « Ruins » (« Ruines »). Murad Subay transforme les maisons écroulées en œuvres d’art. Il impose son style, violent, radical, sur les murs d’un pays où la liberté d’expression perd un peu plus de terrain chaque jour, selon Amnesty International.

"Fuck war", fresque de la série "Faces of war" de l'artiste Murad Subay, peinte en mai 2018 à Sanaa, au Yémen.
« Fuck war », fresque de la série « Faces of war » de l’artiste Murad Subay, peinte en mai 2018 à Sanaa, au Yémen. Murad Subay

« Si on a peur, on ne peut pas être artiste »

Selon un rapport d’Amnesty International, les deux parties en conflit au Yémen mènent la chasse aux journalistes, artistes ou défenseurs des droits de l’Homme. Alors que les forces gouvernementales ferment les portes aux journalistes étrangers, les Houthis mènent des campagnes d’intimidation, harcèlement ou détention arbitraires contre les « agitateurs » yéménites. Le grand frère de Murad, le journaliste Nabil Subay, en fait les frais. En 2016, il se fait tirer dessus en pleine rue, à Sanaa. Il en réchappe de justesse, les genoux en miettes.

Les images radicales de Murad, comme ce fœtus enfermé dans un cercueil, image crue de l’enfant dont le sort est scellé avant même la naissance, pourraient lui valoir le même sort.

"Mort de faim et de maladie", fresque peinte à Sanaa, qui fait partie de la série "Ruines" de Murad Subay.
« Mort de faim et de maladie », fresque peinte à Sanaa, qui fait partie de la série « Ruines » de Murad Subay. Murad Subay

Murad et Nabil ont fui en Égypte. Un répit nécessaire pour Murad qui avait de plus en plus de mal à peindre au Yémen. « Depuis 2015, les artistes étaient surveillés mais surtout, en pleine guerre, l’art passe après les besoins de premières nécessité, comme se nourrir », rappelle-t-il. Depuis l’étranger, il a trouvé un nouveau souffle pour recommencer son travail.

Ses œuvres sont exposées jusque dans les musées à Londres et Murad se fait connaître en Europe le « Bansky yéménite ». Une comparaison qui l’amuse, même si elle a ses limites. « C’est un honneur pour moi d’être comparé à Banksy, j’aime beaucoup son travail. Mais je prefère qu’on me connaisse comme Murad », ajoute-t-il. La visibilité internationale de son travail, elle aussi, a ses limites et pourrait lui porter préjudice à son retour au pays. Un risque à prendre : « Si on commence à avoir peur, on ne peut pas être artiste. Si l’art ne sert pas à dénoncer, à quoi ça sert ? L’art est une arme de résistance cruciale ».

"Devoured" (Dévoré), œuvre de Murad Subay exposée à l'Imperial Museum of War, à Londres, en mai 2019.
« Devoured » (Dévoré), œuvre de Murad Subay exposée à l’Imperial Museum of War, à Londres, en mai 2019. Imperial War Museums

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