
Après plus de trois ans de négociations acharnées, un accord international historique sur la prévention et la lutte contre les pandémies a été adopté mardi par l’assemblée des États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais dénoncé avec vigueur par les États-Unis.
« Avec cet accord, nous sommes mieux préparés à faire face à une pandémie que n’importe quelle autre génération dans l’histoire », a déclaré le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le texte, adopté lors de la réunion annuelle des pays membres de l’Organisation mondiale de la santé, instaure une coordination mondiale plus précoce et plus efficace à la fois pour prévenir, détecter et répondre au risque pandémique et ce de manière plus rapide, après l’échec collectif face à la COVID-19, qui a fait des millions de morts et dévasté l’économie mondiale
Un succès après des négociations souvent difficiles et sur le fil du rasoir, dans un contexte de coupes drastiques dans le budget de l’OMS, pourtant confrontée à des crises toujours plus nombreuses.
« Au fond, ce qu’il y a derrière cet accord, c’est cette volonté d’avoir des mécanismes d’alerte, partagés, transparents, plus efficaces que ce que nous avons connu lors du Covid, et c’est de réconcilier les concepts d’efficacité et d’équité », a relevé le président français, Emmanuel Macron, dans un message vidéo.
Les États-Unis, grand absent des négociations ces derniers mois après la décision de Donald Trump de se retirer de l’OMS, n’avaient pas dépêché de délégués à l’assemblée. Mais dans un message vidéo le secrétaire américain à la Santé, Robert Kennedy Jr., a affirmé que l’accord « englobera tous les dysfonctionnements de la réponse de l’OMS à la pandémie » de Covid-19, et a exhorté les autres pays à « envisager de rejoindre » les États-Unis en dehors de l’OMS.
Il a repris à son compte, comme l’administration Trump, la théorie selon laquelle la pandémie de Covid-19 était due à une fuite dans un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, où la maladie a commencé à se répandre en décembre 2019.
Une partie importante de la communauté scientifique estime que le virus du Covid-19 a été transmis d’une chauve-souris à l’homme par un animal intermédiaire.
« La pandémie est terminée, mais nous ne savons toujours pas comment elle a commencé », a rappelé M. Tedros. « Comprendre comment elle s’est déclenchée reste important, à la fois comme un impératif scientifique et comme un impératif moral. »
Vaccins à prix abordable
L’accord vise à garantir un accès équitable aux produits de santé en cas de pandémie. Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de COVID-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests. Il renforce aussi la surveillance multisectorielle et l’approche « une seule santé » (humaine, animale et environnementale), et encourage l’investissement dans les systèmes de santé.
Dans un message vidéo, le premier ministre indien, Narendra Modi, a qualifié l’accord d’« engagement commun à lutter contre les futures pandémies avec une plus grande coopération tout en construisant une planète saine ».
Au cœur de l’accord, un nouveau mécanisme doit faciliter l’accès aux informations sur les agents pathogènes à potentiel pandémique. En échange les entreprises qui y participent devront, en cas de pandémie, mettre à la disposition de l’OMS « un accès rapide » à 20 % de leur production de vaccins, traitements et tests, dont un « minimum de 10 % » à titre de don et le pourcentage restant « à un prix abordable ».