
M. le Président,
Mon pays n’a pas participé au vote
sur ce projet de résolution
portant renouvellement du mandat
de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum
au Sahara occidental.
Par cette absence, et en toute responsabilité,
l’Algérie a tenu à illustrer, sa prise de distance, avec un texte
qui ne reflète pas fidèlement la doctrine onusienne
en matière de décolonisation.
Oui, nous parons de décolonisation.
C’est la mise en œuvre de cette doctrine
qui a permis à de nombreuses nations
d’être représentées ici parmi nous,
à l’Organisation des Nations Unies.
Faut-il rappeler cette évidence ?
La décision finale sur leur avenir
Ne doit appartenir qu’aux peuples encore sous domination coloniale.
A ce titre, permettez-moi de citer ici
le Président Woodrow Wilson qui affirmait, Anglais
« Peoples are not to be handed about
from one sovereignty to another
by an international conference
or an understanding between rivals and antagonists.
National aspirations must be respected;
peoples may now be dominated and governed
only by their own consent.
« Self-determination » is not a mere phrase.
It is an imperative principle of action. »
Fin de citation.
Je vous invite tous à méditer profondément sur cette déclaration.
M. le Président,
En tant que pays voisin des protagonistes au Sahara occidental,
l’Algérie s’est engagée de bonne foi,
et avec un esprit constructif,
dans la négociation du texte qui nous a été proposé.
Et, je tiens à saisir, ici, cette occasion,
pour remercier le porteplume, les Etats-Unis, qui,
contrairement à ce qui s’est passé l’année dernière,
n’a pas ménagé ses efforts
pour améliorer le texte
et dégager un compromis
entre les parties prenantes.
Un compromis qui aurait pu unir
l’ensemble des membres du Conseil.
Bien sûr, et nous le reconnaissons, ouvertement,
des améliorations substantielles ont été apportées au texte initial.
D’abord, en rappelant les paramètres fondamentaux
d’une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental ;
Ensuite, en consacrant le droit inaliénable
du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination ;
Enfin, en engageant les deux Parties,
le Royaume du Maroc et le Front Polisario
dans des négociations de bonne foi et sans conditions préalables,
sous l’égide des Nations Unies.
Mais, malheureusement
le texte qui nous a été finalement soumis souffre encore d’insuffisances.
Il est en deçà des attentes
et des aspirations légitimes du Peuple du Sahara occidental,
représenté par le Front Polisario.
Ce Peuple qui depuis plus de 50 ans
résiste pour avoir
et, lui seul, son mot à dire sur son propre destin.
Mais, que manque-t-il donc à ce texte ?
Si l’objectif unanimement partagé
est de trouver une solution durable, juste et mutuellement acceptable
qui pourvoie au droit à l’autodétermination du Peuple du Sahara Occidental,
le moyen d’y arriver suscite,
je dois le souligner, des interrogations légitimes.
Selon nous, le cadre étriqué de la négociation proposée,
qui met en avant une option par rapport aux autres,
empêche la créativité et la flexibilité nécessaires de se déployer
pour faire aboutir un accord librement consenti
en application de la doctrine de l’Onu en matière de décolonisation.
De plus,
ce texte organise un déséquilibre entre les deux parties en conflit
en mettant l’accent seulement sur l’ambition territoriale de l’une
et passant sous silence les aspirations de l’autre,
en l’occurrence le peuple sahraoui qui revendique la liberté.
La preuve, ce texte ignore les propositions du Front POLISARIO,
pourtant, transmises
tout récemment encore au Secrétaire général des Nations Unies
et au Conseil de Sécurité
et publiées sous la cote (S/2025/664).
C’est une partie au conflit
Et son opinion doit être entendue,
Sinon prise en considération.
Ce texte suscite, enfin,
des interrogations sérieuses et légitimes
sur les fondements juridiques de ce cadre de négociation proposé
pour le règlement du conflit du Sahara occidental.
Imaginez que ce cadre soit reproduit dans d’autres zones de conflits,
En Europe, aux Amériques, en Asie, et en Afrique.
C’est alors l’un des piliers principaux
de l’édifice même de l’ordre international
qui s’en trouvera dangereusement fissuré.
M. le Président,
Il nous aurait fallu, sans doute, un ultime effort.
Un effort aussi nécessaire que déterminant,
mais tout aussi, davantage de flexibilité, de créativité et de diplomatie,
pour arriver à une conclusion heureuse
de la négociation de cette résolution.
Cela aurait permis le lancement, à bref délai,
d’un processus politique dynamique sur des bases solides,
en intégrant toutes les parties prenantes,
avec pour objectif ultime
la décolonisation définitive du territoire du Sahara Occidental
selon la Charte des Nations Unies.
Je déplore que le porteplume n’ait pas pu vaincre les résistances,
vous savez tous lesquelles,
pour apporter les modifications nécessaires
et rendre le texte acceptable pour tous.
C’est une occasion ratée et nous le regrettons.
Et, nous regrettons que l’initiative du Président TRUMP
d’apporter la paix et la détente dans notre région,
initiative qui a suscité intérêt et espoir
ne puisse prendre son envol convenablement
avec le soutien actif de toutes les parties prenantes.
En effet, cette résolution
ne crée pas, pas encore, le momentum
et les conditions nécessaires pour sa réussite.
Une réussite où tout le monde est gagnant
Qui ne laisse ni vainqueur, ni vaincu.
Pour conclure M. le Président,
Une solution juste et durable
ne saurait jaillir que du respect du droit inaliénable
du peuple du Sahara occidental à disposer de lui-même.
C’est le seul gage d’une paix véritable
et d’une stabilité durable dans notre région.
L’Algérie, dans sa démarche,
Et je voudrais le réaffirmer ici,
En vous prenant tous à témoin,
demeure fidèle au principe du règlement pacifique des différends,
fidèle aux objectifs et principes de la Charte des Nations Unies.
Elle sera toujours prête, oui toujours prête,
à s’engager, en toute souveraineté
avec responsabilité et créativité,
dans toute négociation qui respectera scrupuleusement
les principes cardinaux d’équité, d’impartialité et de justice,
en vue du règlement définitif de la question du Sahara occidental.



