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L’histoire secrète des arbitrages de Sonatrach

Note de l’auteur
Pourquoi j’ai écrit ce livre
Ce livre est né d’une colère et d’une conviction.

La colère, d’abord, face au gâchis. Celle de voir des milliards de dollars dilapidés dans des contentieux mal gérés, des projets abandonnés, des contrats léonins signés dans la précipitation. Celle d’observer comment l’instabilité institutionnelle et les jeux de pouvoir ont transformé Sonatrach — entreprise que j’ai côtoyée et observée — en terrain de chasse pour des opérateurs sans scrupules.

La conviction, ensuite, que la transparence est le premier rempart contre la répétition des erreurs. Trop longtemps, l’histoire des arbitrages de Sonatrach est restée enfouie dans des rapports confidentiels, des sentences arbitrales non publiées, des mémoires oubliés. Trop longtemps, les leçons n’ont pas été tirées, les responsabilités n’ont pas été établies, les héros n’ont pas été célébrés.

J’ai voulu, par ce travail, rendre justice à ces hommes et ces femmes — ingénieurs, juristes, négociateurs — qui ont défendu avec acharnement les intérêts de leur pays. Des noms comme Aboubakr Mellouk, Athmane Khouani, Zoubida Benmouffok, Akli Remini, Djamel Ould Ali et tant d’autres méritent d’être gravés dans la mémoire collective. Leurs combats, souvent menés dans l’ombre et parfois sanctionnés par l’injustice, constituent l’ossature morale de cet ouvrage.

Les sources de ce livre sont multiples. J’ai eu accès à des documents internes, à des témoignages de cadres ayant participé aux négociations, à des sentences arbitrales dont certaines n’ont jamais été rendues publiques. J’ai croisé ces informations avec des sources ouvertes, des archives de presse, des déclarations officielles. Chaque chiffre, chaque date, chaque affirmation a été vérifiée autant que possible. Lorsque subsistait une incertitude, je l’ai signalée. Lorsqu’un témoignage direct m’a été confié, je l’ai assumé comme tel.

Je ne prétends pas à l’exhaustivité. D’autres contentieux mériteraient d’être traités — certains sont encore en cours, d’autres relèvent du secret d’État. Mais j’ai tenté de couvrir les dossiers les plus emblématiques, ceux qui révèlent les mécanismes structurels, les failles récurrentes et les enseignements transposables.

Au fil de cette enquête, qui a duré plus de sept ans, une évidence s’est imposée à moi : la qualité juridique des contrats, l’excellence des avocats et la solidité des dossiers techniques ne suffisent pas. Ce qui fait la différence, ce qui départage la victoire de la capitulation, c’est d’abord et avant tout la robustesse du pouvoir politique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sous Houari Boumédiène, l’Algérie a nationalisé les hydrocarbures, les mines, les assurances, les terres agricoles et les biens vacants — des actifs qui appartenaient, à tort ou à raison, aux intérêts français. Aucun opérateur n’a intenté de procédure arbitrale contre l’État algérien. La force du pouvoir imposait le respect.

Plus récemment, sous Abdelmadjid Tebboune, il a suffi d’un « non » sec à la transaction Occidental-Total pour que tout le monde respecte la position algérienne, sans rechigner, sans menace. La fermeté institutionnelle commande l’obéissance.

En revanche, les ères Chadli Bendjedid, Liamine Zeroual et surtout Abdelaziz Bouteflika ont connu des pics de plaintes, d’arbitrages perdus, de règlements à l’amiable désastreux. L’affaiblissement du pouvoir central, les luttes internes, la corruption et l’instabilité managériale ont transformé Sonatrach en proie facile pour des entreprises qui savaient identifier et exploiter ces failles.

Cette corrélation n’est pas fortuite. Elle révèle une loi implacable : dans le secteur énergétique, où les enjeux se chiffrent en milliards et où les rapports de force sont asymétriques, seul un État stable, cohérent et déterminé peut défendre efficacement ses intérêts. Les multinationales ne craignent pas les clauses contractuelles. Elles craignent les États qui les font respecter.

Ce livre n’est pas un réquisitoire aveugle contre les partenaires étrangers. Il reconnaît la nécessité de la coopération internationale, l’apport des technologies et des capitaux extérieurs. Mais il refuse la naïveté et dénonce la prédation. Il distingue les partenaires de bonne foi — qui respectent leurs engagements et jouent le jeu de la transparence — des opérateurs opportunistes qui exploitent les faiblesses institutionnelles pour maximiser leurs profits au détriment de l’intérêt national.

Je revendique une posture : celle d’un observateur engagé. Je ne suis pas un fonctionnaire tenu au devoir de réserve, ni un consultant contraint par ses clients. Je suis un citoyen algérien, analyste économique, qui estime que la vérité — même inconfortable — doit être dite.

Si ce livre dérange, tant mieux. S’il suscite un débat, c’est son objectif. S’il contribue, même modestement, à améliorer la gouvernance des ressources nationales, alors il aura rempli sa mission.

Certains passages de cet ouvrage relèvent du témoignage personnel. Lorsque j’écris « Je témoigne devant l’Éternel », ce n’est pas une figure de style : c’est un engagement moral, une responsabilité que j’assume devant l’Histoire et devant mes compatriotes. Je sais que cette posture peut être critiquée. Je l’accepte. Car le silence des témoins est souvent plus coupable que les erreurs des acteurs.

L’histoire des arbitrages de Sonatrach n’est pas terminée. D’autres contentieux naîtront, d’autres batailles se livreront. Mais puissent les acteurs futurs s’inspirer des victoires passées et éviter la répétition des échecs.
Puissent-ils se souvenir que la souveraineté énergétique ne se décrète pas dans les discours : elle se construit dans les marges des contrats, dans la rigueur des négociations, dans le courage des refus. Elle exige des hommes compétents, intègres et protégés de l’arbitraire. Elle suppose un État fort, stable et déterminé à défendre l’intérêt national sur le long terme.

Ce livre est ma contribution à ce combat. Modeste, imparfaite, mais sincère.
Yacine Merzougui
Alger, octobre 2025

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